Profanes.

De Jeanne Benameur. Actes sud.

Octave est un vieil homme qui réunit autour de lui quatre personnages "recrutés" avec soin. "Ils ne sont pas trop de quatre pour avancer avec lui "vers la fin de sa vie."

Quatre histoires qui résonnent peu à peu en échos multiples entre elles et avec celle d'Octave et qui permettent à chacun d'avancer pas à pas dans cette découverte, de se transformer.

"Profanes...il pense à l’étymologie du mot profane: celui qui est devant le temple. Il est ce profane, Ils sont ces profanes. Au cœur de chacune de leurs vies, le temple. Vif. Le seul sacré qu'il connaisse. Cette vie qui échappe et qui vibre à chaque pas."

Après avoir passé sa vie à sauver des vies par ses gestes de chirurgien, ce temps de cheminement lui révélera ce qu'il savait depuis toujours mais qu'il n'a pas voulu voir.

"Mais quand il arrêtait, il voyait les siens, sa femme, sa fille, son vieux père qu'il ne visitait plus que deux ou trois fois par an. Il avait peur de ne bientôt plus savoir aimer qu'à distance. Est-ce qu'on peut perdre la faculté d'aimer tout près de soi? Est-ce que pour faire ce métier comme il le faisait, il fallait forcément que sa capacité d'amour se diffracte? Est-ce que c'était pareil pour ceux que la fameuse foi en dieu faisait entrer en religion? Où loger ensuite l'amour des siens? Comment réduire l'amour à une compagne, une famille? Sa famille, la vraie, c'était tous ceux qui se présentaient devant lui, ceux à qui il avait juré de porter assistance quoiqu'il en coûte."

Peu à peu nous découvrons ces drames humains, celui d’Octave et la disparition tragique de sa fille, mais aussi de la jeune Béatrice qui fuit l’ange de son frère mort, la belle Hélène, peintre, Marc dévasté des horreurs de la guerre, Yolande qui a pris sous son aile la jeune Louise... Tous dans cette maison nous disent cette traversée de la vie, combien éprouvante, combien humaine et solidaire, douce aussi parfois.