Sortilège qui s'estompe

Oui ce départ matinal sentait l'hiver. Lui, qui semblait ne pas vouloir prendre sa place. Alors que le camélia proche de la maison ouvre ses boutons et que l'herbe est parsemée de primevères, le givre s'était déposé et le frais de l'air m'avait surprise, bien tôt ce matin-là.

Le paysage défile le long des rails et, entre fumées qui s'échappent, brumes qui montent, les contours se perdent. La ville s'éloigne, le ciel se couvre et ménage de subtils effets d'ombre et de lumière tandis que nous franchissons petits cours d'eau, fleuves et plans d'eau.

Je me laisse perdre dans ces paysages qui floutent la réalité comme une voyageuse qui irait dans des terres mouillées et lumineuses. Il y a des effets de bascule comme si la terre chavirait et s'en allait plonger, m'emportant dans son courant.

Parfois le réel est si beau qu'il semble irréel et donne l'occasion rêvée d'abandonner les soucis du quotidien. Lorsque ce sortilège s'estompera, je tiendrai ensemble ces différentes facettes de ce qui fait, ce jour, ce que je nomme "ma réalité".