C'était un petit vallon...

C'était un petit vallon si  calme, harmonieux, aux belles couleurs douces de l'été indien... Je faisais des provisions de lumière dans les reflets de l'eau, dans les feuillages qui se balançaient solitaires ou par grappes... J'entendais le chant des arbres que j'associais à différents instruments, harpe, creux du tambour, vol aérien de la flûte... j'observais le creux du chemin, si vieux, bordé de ces fûts qui s'inclinent... Et mon cœur s'élargissait...

Et puis, encore une fois, ils sont passés si bas.. A peine le temps de se replier sur soi-même et d'essayer de se couper de cette invasion stridente, encore plus résonnante du fait de l'encaissement de cette petite vallée, de tenter de se boucher les oreilles... Non les monstres d'acier sont passés et j'ai eu si mal pour la terre, j'ai eu si mal en moi, si mal pour mon petit fils que j'ai tenté de protéger, en vain... C'est comme si le meurtre était déjà perpétré de par la violence des décibels... C'était le rappel de toutes nos guerres par un "simple" exercice de routine !

Regardez bien ce vallon et imaginez que tout d'un coup vous vous jetez à terre parce que c'est votre seul refuge, alors... La rivière continua de couler comme si de rien n'était, les arbres n'ont pas semblé broncher... Mais mon cœur élargi vivait ainsi brutalement aux coins du monde bombardés, d'avant et de toujours... et savait bien que ce coin de terre avait aussi été meurtri. L'accepter ? Le comprendre ?

Plus tard, le ciel s'est offert rouge sang et la lune est montée, si paisible... Emporterait-elle ce moment troublé dans le grand espace pour le transformer ?