Désert
S'en approcher d'abord...
Entrer dans un paysage minéral où les arbres se font plus rares, où l'érosion dessine des cœurs...
S'enfoncer dans les dunes, quitter les palmiers dattiers...
Apprendre peu à peu à marcher en fonction du sol plus ou moins caillouteux, plus ou moins sableux... Suivre la crête d'une dune ou se laisser courir dans la pente...
Suivre le rythme des dromadaires, de la caravane qui retrouve les traces d'une mer disparue...
Abandonner sans difficulté ce qui fait mon quotidien pour ne plus vivre que les pas qui se succèdent, les pas qui laissent leur trace dans le sable... Retrouver les gestes premiers et essentiels de toute vie.
L'immensité s'ouvre et m'accueille... Soleil et vent jouent ensemble... L'eau devient précieuse. L'eau de pluie devient fête.
Le silence devient repos. Le silence me relie de façon subtile aux berbères qui m'initient à cette terre si belle faite d'ondulations, des grains de sable doux et chauds. Le silence me fait si humaine alors que les mots n'ont plus besoin de se dire en moi.
Le regard peut aller si loin... Le regard peut aller au plus près de chaque pierre, de chaque trace de vie végétale... Le regard se laisse aussi tromper par ces effets de réverbération étonnants, comme des mirages, par ces oiseaux branches ou ces motifs faits d'ombre et de lumière, du vent qui joue avec le sable.
Transformation intérieure au fil des jours... Comme si la lumière, la chaleur, la douceur se mettaient à m'habiter pour rayonner ensuite. Plénitude et communion.
Il a fallu franchir la porte du désert et reprendre pied progressivement autrement.
Garder en soi le rythme de mes pas dans le sable.. Retrouver le silence en soi...
Ressentir encore le désert et pouvoir s'y réfugier, s'y nourrir, pour se donner là où je suis dans la surprise du jour nouveau qui vient.