Pas vu le soleil...Pas voulu entendre
5h30: Paris s'éveille, moi aussi.
6h: Je traverse la place de la République. Cars de CRS, et camions des journalistes stationnés. Prêts à bondir ... Autour de la statue, toutes ces petites bougies qui brûlent encore et qui tissent ces liens entre nous tous, autour de ces lieux frappés ce soir de novembre.
6h35 ; Départ de mon train vers Saint Dizier. Il fait nuit, et froid...
Le jour se lève, c'est un gris blanc si terne; il a gelé fort, la terre en est blanche.
8h40: Arrivée. Je descends du train et un bruit assourdissant est là. Je réalise ...Oui bien sûr ce sont ces avions rafales qui s'entraînent si bas, dans un ciel déjà si bas. Toute la journée, ils passeront, traverseront si vite la petite ville, si bruyamment. Les gens autour de moi sont-ils indifférents? Je me renseigne sur ce manège... Depuis les attentats, c'est comme cela tous les jours...
L'école que je vais visiter est comme une embellie joyeuse dans ce manque de couleurs, dans cette ville traversée de part en part, à intervalles réguliers, par ces vacarmes qui pour moi évoquent immédiatement les destructions à venir. La vie continue, les enfants courent et jouent pendant la récréation.
15h40: retour sur Paris.
18h: RER Les Halles. Alerte colis piégé. Plus rien ne fonctionne. Trouver un autre chemin, le même que les milliers de franciliens pris au piège. Par St Lazare... qu'il nous protège! Effrayant, nous sommes si compressés, prêts à étouffer... On laisse une place à une femme enceinte.. Plus tard je verrai qu'un jeune homme est resté debout durant ces 45 minutes interminables, alors qu'il s'appuie à la force de ses bras, sur des béquilles.
Juste une journée au milieu d'une ville, d'un pays, de la planète... Pas vu le soleil, ai voulu garder au chaud le soleil intérieur fait des sourires des enfants, des gestes d'attention.
Plus voulu entendre ces avions, ai remplacé leur cri par le rire des enfants, les mots échangés.
Rester humains, se reconnaître en humanité, toujours.