Epiphanie pour la Terre.
Les nuages avaient quitté leur ciel, là-haut, pour venir lécher le fond des vallées. Période de brumes, de brouillards épais qui modifient nos perceptions, qui rétrécissent le champ de vision. Et puis, parfois un déchirement dans ce voile ... Comme une respiration pour accepter cette opacité, pour accepter de s'y mouvoir.
Les mages avaient quitté leur pays et avaient aperçu une étrange étoile qu'ils avaient suivie, forts de leurs connaissances et de leur conviction pour aller à la rencontre d'un nouveau roi... Nouveau, car selon eux, ce roi serait différent de tous les autres rois.
J'ai poursuivi la route, sans rien voir. Seul, ce brouillard semblait m’enfermer. Mais n'étais-je pas guidée par le chemin qui pas à pas se déroulait ?
Et me voilà en ce point liminal où je borde la mer de nuages. Elle se stabilise et me donne à voir si loin, si beau, si doux, si éclatant. Me voilà maintenant muette de trop voir. La lumière se révèle, donne une nouvelle immensité au paysage qui s'incline devant nous, approche les lointaines Pyrénées, révèle les arbres ou arbustes, comme de nouvelles frontières de son étendue.
J'ai ressenti notre monde, au-delà de la colère qui hurle, plongé dans cette opacité, signe d'une errance qui ne trouve plus de mots...
J'avais soif d'aller plus haut chercher l'issue, d'aller toucher cette zone où le Nouveau surgit, qui redonne vie et justifie même l'existence de ce couvercle qui nous prive momentanément de lumière. J'ai su à nouveau qu'au-delà du visible, la lumière est toujours là, qu'au-delà des bruits violents actuels, des récriminations fortes qui divisent, il y a quelque chose d'infiniment plus grand, plus aimant qui veille sur nous.
Puisse cette mer de nuages être le signe d'une épiphanie pour notre monde ! Puissions-nous saluer, au-delà du visible, ces halos de lumière présents en chacun de nous !