Une autre saison du monde vient.
Coronavirus, vous voilà parmi nous et nous cherchons à comprendre comment vous fonctionnez, comment nous pourrions vous éradiquer. Vous voilà coupable de tous ces morts, de tous ces malades, et du renversement de notre monde ancien.
Mais qu'avez-vous à nous dire ?
Vous mettez en lumière ce que nous ressentions depuis si longtemps et dont nous nous sentions prisonniers. Prisonniers de cette course à la consommation, prisonniers d'un modèle économique et technocratique qui broie les plus petits et creuse les fractures entre les êtres humains... Prisonniers de décisions qui se prennent à des niveaux occultes, camouflés dans les mascarades des discours politiques, qui nous laissaient un sentiment d'impuissance, un goût amer qui nous poussait à nous réfugier cependant dans la rhétorique de "chaque action est utile", ce qui nous permettait d'alléger un peu le poids de cet horizon bouché.
Et si pour le moment, nous sommes obligés de rester confinés, vous ouvrez un espace intérieur pour chercher au fond de nous ce qui est vraiment important, pour abandonner nos réflexes de projection, pour stopper nos besoins inutiles, ou nous permettre en tout cas de les interroger, d'amener à notre conscience les automatismes de nos vies.
Covid 19, vous nous montrez combien nos modèles étaient aussi fragiles que la maison de paille d'un célèbre petit cochon... Les réformes, les rationalisations pour augmenter les profits des circuits autorisés, ne voulaient voir que l'immédiateté, se justifiant d'un effet "ruissellement" en vue de partager la richesse, ce qui ne venait jamais... Vous entrouvrez une autre vision possible... Vous mobilisez une intelligence collective pour assumer la complexité dans laquelle nous sommes aujourd'hui: permettre que notre planète aille mieux et que tous ses habitants puissent y vivre en relation harmonieuse, sensibles, respectueux et heureux de leurs différences. Vous nous invitez à concevoir un projet global d'humanité renouvelée ... Certes, vous nous avez pris au dépourvu ... C'est la fourmi cette fois-ci qui vient sur le devant de la scène... Elle dansait ... Certains élaboraient leurs théories hors sols, prenaient les chiffres et les indicateurs qui leur plaisaient, en faisaient des objets magiques qui nous endormissaient... Certaines cigales étaient déjà là ... Mais le frottement de leurs ailes était trop strident et dérangeait nos valses titubantes... Voilà, une autre saison du monde vient... et l'histoire ne dit jamais ce que devint la fourmi... Pour le moment, nous tâtonnons dans le noir... Nous ne voyons pas encore comment nous allons faire... Mais nous entendons de-ci, de -là des invitations à co construire autrement le monde de demain... Qu'un vrai désir prenne vie pour avancer ensemble !
Covid 19, vous nous obligez à interroger notre organisation du travail et des échanges internationaux. Vous nous avez permis de regarder vraiment ceux que nous ignorions. Vous avez insufflé de nouvelles expressions et de nouveaux rituels : Surtout prenez bien soin de vous ... Des merci, chaque soir, à tous ces serviteurs: applaudissements, klaxons, dessins... Des initiatives pour rendre service: livraisons de repas pour les soignants... Vous nous montrez que nous sommes inventifs, créatifs; que nous sommes capables de dépasser nos égoïsmes alors que nous sommes maintenant conscients de ce grand peuple mondial que nous constituons, composé de tous nos espaces de vie et de toutes nos histoires, traditions, cultures.
Covid 19, vous nous obligez à questionner notre façon de peser nos mots, nos jugements qui divulguent la peur, la division. Pourvu que nos beaux parleurs vous entendent et cessent de nous manipuler, falsifiant les données, privilégiant telle ou telle enquête, jouant les injonctions paradoxales qui sèment la colère. Mais d'autres voix se font entendre: voix issues des sagesses de toujours, voix des artistes et musiques de l'âme. Elles inventent d'autres modalités de concerter et de relier les énergies pour que des paroles vraies soient enfin prononcées, remplies de l'essentiel !
Covid 19, vous nous obligez à interroger notre peur fondamentale de notre santé, de notre finitude, de notre mort. Au travers de vos symptômes, non symptômes, vous écroulez les certitudes de maitrise d'une médecine qui considère l'homme en parties juxtaposées, et qui n'a pas voulu entendre depuis trop longtemps, maintenant, les conceptions holistiques de la santé. Vous venez nous apprendre à vivre avec vous dans une vision de l'homme comme participant d'un grand tout qui doit cultiver les énergies de lumière. Vous nous demandez de devenir plus responsables de notre santé. Vous nous avez imposé une distance avec autrui. Nous ressentons si fort le manque de nos embrassades, de nos gestes de bienvenue ou de salutation que nous voulons que nos mots et nos pensées soient des vecteurs de soutien, d'amitié. Nous avons dû laisser partir nos proches sans pouvoir les accompagner dans ce passage qui fonde notre humanité et constitue un moment si important pour rendre grâce de cette vie qui s'est donnée, pour entrer dans le respect de son histoire, dans la vision des liens qui se sont tissés. En posant ces limites fortes, inhumaines même, vous nous questionnez encore sur ce que nous sommes vraiment, sur notre capacité à œuvrer ensemble pour vivre en totalité, en harmonie dans notre environnement...
Covid 19, vous nous obligez à penser autrement notre vie... C'est difficile, éprouvant, angoissant mais vous voyons avec vous, tout ce dont nous disposons en termes de capacités de créativité, de relations bienveillantes, d'intelligence collective... C'est à un retournement complet que vous nous invitez...
Peut-être irons-nous vers notre vraie liberté intérieure, vers une plus grande conscience de ce qui se vit, se donne et se reçoit, vers une onde d'amour et de lumière, immense, comme un océan ?
Et nous nous guérirons ...
Vous nous entourerez alors de couronnes de lumière, vous délivrerez une nouvelle respiration accordée à celle de la terre et de l'Univers et nous irons sur de nouveaux chemins...