Quand ils se fanent...
Les iris ont pris leur chevelure fanée, argentée. Mais j'ai vu, tout d'un coup, autrement, leur vieille peau ridée qui joue un air de transparence, qui se pare de dessins subtils. J'observais aussi le repli des fleurs, cette involution du mouvement de la sève qui irriguera les rhizomes, phénomène invisible à nos yeux...
Je regrettais déjà leur subtile couleur, délicate, je voulais encore m’enivrer du parfum de certains. Je voulais encore leur dire combien je les trouvais beaux, combien, ils me touchaient avec leur port altier, presque de guerriers et leur fragilité simultanée. Je voulais encore que leur couleur danse si bien aux différentes heures de la journée.
En moi, comme une onde de nostalgie sur le temps qui passe trop vite, j'en voulais à ce printemps accéléré par cette forte chaleur, qui allait les épuiser et les faire se faner.
Je me suis demandée, si mes beaux iris ont ressenti un peu de ce froid nostalgique...
Et puis tout d'un coup j'ai vu cette beauté autre, cette beauté de leur âme qui a donné son essence et se retire discrètement à la fin de son cycle.
Le temps qui passe nous conduit aussi à perdre de notre superbe, et à gagner une reliance plus grande avec les cycles de la vie, avec les âmes en leur profondeur, avec la finesse subtile de ce que nous continuons de tracer. Nous allons vers une lumière différente avec ce mystère que nous portons chacun de notre propre destin. Nous avons eu si chaud parfois de situations de vie qui ont fait éclore de l'inattendu et constituent la sève de ce qui nous irrigue.
L'impermanence conduit ces cycles éternels et nous sommes touchés par ces pinceaux de grâce que le ciel nous adresse.