La leçon des onagres.
Tout d'un coup, dans le ciel bleu de Juin, une soixantaine de vautours tournent autour d'un troupeau et tuent une brebis....
Ils avaient faim...
Dans la nuit, ils donnent des ordres, appuient sur des boutons et incendient les cieux de différents pays. Missile, drones, avions de chasse. La fureur des bombes creuse des cratères, emplit l'univers....
Tant de raisons déraisonnables ! Des visions séparées, la recherche du pouvoir, la conquête de territoires activent une dynamique de destruction, presque totale, dans laquelle les êtres humains ne comptent plus.
Un équilibre qui bascule, le monde s'embrase-t-il ?
Vers où courons-nous aveugles, impuissants ?
Dans ce moment de désolation que je vis en communion avec les plus meurtris, les onagres impassibles se sont ouvertes dans un ballet subtil. Tout d'un coup, surprise, la fleur se déplie. D'abord la ganse qui l'entoure cède et puis quelques minutes plus tard elle s'expanse totalement. Les voilà toutes, comme des phares dans la nuit qui réussissent à redonner de la lumière. Les voilà qui m'invitent à contempler leur danse magique. Dans la journée, accablées de chaleur, elles se ferment et renvoient dans la terre cette lumière qui s'est élaborée la veille, a fulguré dans la nuit. C'est comme si elles cherchaient la lumière tout au long de la journée, l'accumulaient et la redonnaient au cosmos. Simple mystère, simples lumières...
Dans notre nuit actuelle, il nous faut chercher tous ces nutriments de lumière dans la terre généreuse, dans les actes d'amour, de générosité, de bienveillance que nous recevons et donnons. Il nous faut puiser à l'intérieur de nous des gouttes de joie, des senteurs délicates, des forces de transformation pour réaliser l'alchimie invisible de l'amour qui peut se dérouler en chaque être humain et éclore à son heure. Devenons des onagres qui libèrent chaque jour une nouvelle énergie, apportent en secret tout l'amour qui les remplit, éclairent les nuits traversées autrement.
Ce matin le rossignol a repris ses gammes incroyables et participe avec loriots, fauvettes au chant du monde.
La terre, toujours, a englouti ces fureurs démoniaques, a consolé les survivants, a continué de nourrir les vivants.... et nous voilà dans un pas de danse qui veut continuer de chanter la Vie...