Nous avons eu peur de la douceur de nos coeurs.

Une émotion immense se lève dans ce peuple de France. Un grand non à la barbarie! Peut-être un stop à cette course éperdue vers des issues vides de sens : compétition, individualisme, non solidarité, non fraternité, tant d'injustices ici et de par le monde, loi du plus fort.

Que ce NON s'adresse aussi à tous les massacres qui ont lieu sur tous les continents!

Que ce NON nous réveille vraiment et ne soit pas seulement la voix de la peur collective qui nous a pris aux tripes.

Que ce NON redonne vie à ces mots liberté, égalité, fraternité! Pourraient- ils guider chacune de nos actions individuelles et politiques, éducatives, économiques et sociales?

Avons-nous su donner à tous ces enfants, ces jeunes devenus hommes et femmes habités de rage, la douceur de nos cœurs?

Non, nous-mêmes, nous avons eu peur de la douceur de nos cœurs qui s'écoule d'abord en des larmes que nous ne comprenons pas, qui nous font mal.

Nous avons enfermé nos cœurs dans ces peurs qui ne se sont pas exprimées, ces cris qui ont été étouffés.

Nous avons créé des vides abyssaux si porteurs d'angoisses, qui créent des sensations de désagrégation. Où poser sa tête qui tape de sa propre violence intérieure?

Avons-nous appris à reconnaitre en nous-mêmes ces combats, à les nommer pour les comprendre et les prendre en charge avec douceur envers nous-même?

Avons-nous su apprendre à nos enfants, les mots pour dire ces maux intérieurs?

Nous avons tu nos intimités vraies au nom du respect de la vie privée, au nom de l'efficacité, du profit. Nous nous sommes éloignés de nous-mêmes.

Nous avons oublié que chaque vie est sacrée, chaque fois que nous avons fait nôtre la maxime: la fin justifie les moyens, sûrs de notre bon droit au service de la performance, de l'économie et de l'intelligence rationnelle.

Il est temps que nos cœurs réapprennent à vivre pleinement. C'est de là que nous naissons à l'humanité. Notre superbe intelligence, coupée de celle du cœur, ne peut être que mortifère.

Ce cœur qui pulse en chacun de nous ce mouvement vital demande à être écouté, à être ouvert, à pouvoir laisser échapper sans peur ces larmes de communion à soi-même, aux autres et au monde entier.