Tchad
A peine le mot entendu, il sonne comme l'évocation d'une terre peu hospitalière. Il y fait si chaud,sauf en décembre, janvier où la température, la nuit, descend et relâche l'étau de chaleur. Il y a des vents de sable qui rendent le ciel blanc, jaune pâle ou un peu ocré. Il y a des voisins peu sûrs.Il y a la pauvreté, les chiffres sont dans les plus hauts et les plus bas ...
Derrière tout cela surgissent des visages de joie, des couleurs qui tranchent sur la poussière, des troupeaux gardés par des enfants, des marigots inattendus, des blocs de pierre qui s'empilent avec ordre...La route défile, traverse des villages et des paysages de savane, de presque désert, une forêt d’acacias aux fleurs jaunes, le mil bientôt récolté. Elle est bordée d'une tranchée en travaux pour que la fibre optique se déploie tout le long. Mais tous ces villages traversés n'ont pas l'eau courante... A regarder du haut du 4/4, c'est toute une vie qui se donne à voir, une vie organisée pour assurer la survie.
Puis la rencontre, les "ça va", les mains qui se serrent. Le regard qui dévisage et qui accueille, curieux de la différence si visible, respectueux de part et d'autre. Les paroles se cherchent avec les quelques mots communs compris.
Ainsi démunis nous nous ressentons pourtant frères et sœurs en humanité, reliés par ce qui nous est commun où que l'on vive:nécessité de l'eau, du feu, de la nourriture, du soin des enfants; volonté de la transmission,souhait de l'éducation pour un meilleur à vivre, un meilleur à être. Rappel en plein cœur de ce que l'on oublie sans cesse, essentiel.
Et la nuit tombe parmi les montagnes, la vie des villages se poursuit encore et le ciel se couvre de tant d'étoiles. Je veille un peu, tranquille, en paix.