Premier matin du monde
Il y a en moi le goût du premier matin du monde quand je contemple tôt le jour qui se lève. Il entraine comme un silence qui contemple et la joie de l'agir qui viendra. Et tout se rejoue, le mouvement des planètes dans cet avant qui me surprend.
Je cherche à le saisir, insaisissable mystère; je cherche à le contenir, infini étal; je cherche à m'y cacher, pour disparaître ou pour naître à ce nouveau jour que voilà.
Comme le cœur de mes entrailles qui se déplierait très lentement et s'éclairerait peu à peu, le cœur du monde fait ses premiers pas de danse dans une immensité que je ne cherche pas à mesurer.
Le souffle de la vie délicatement s'invite dans chaque particule de matière, leur donne densité ou légèreté.
A peine un grain de poussière, grain de lumière, puis une infinité et de ci, de là, des amas, des trainées se forment, se dispersent. Un univers se plie et se déplie, inspire, expire.
Comment était-il ce premier matin du monde? Je ne sais. il a pourtant laissé son empreinte partout dans toutes nos cellules et plus que les images des mythologies et des quelques théories scientifiques, c'est cette sensation d'espace, de possible, d'immense qui cherche à se déployer. Je l'accueille, elle me porte.