Portes... témoins silencieuses de nos passages...
Portes qui s'ouvrent, portes qui se ferment, se referment, témoins silencieuses de nos passages, de nos franchissements, de nos arrêts quand la peur est trop forte...
La première, si intime, s'ouvre à son heure, dans l'épreuve de l'enfantement, pour la mère et pour l'enfant, tissant à jamais entre eux ce lien unique de douleur et d'amour.
Dans mes souvenirs, quelques images sont là. La plus lointaine est celle d'une porte au fond du jardin. il y a un petit chemin qui y conduit, elle est blanche, avec une partie pleine en bas et des barreaux au-dessus qui permettent de voir les grands arbres derrière. Je la vois toujours fermée... Mais j'ai déjà bien envie de pouvoir aller de l'autre côté.
Il y a celle, monumentale, de la pension que je dois franchir chaque dimanche soir et qui se referme derrière moi, creusant en moi cette tristesse de la séparation.
Il y a ce portail rouillé qui grince du poids des ans.. Je m'excuse de le faire bouger ainsi, je rentre dans ce lieu paradis, entre terrasses de vignes, jardin potager et jardin des roses. Espace de beauté et de liberté que j'aimerai tant.
Porches et portails sacrés, humbles, discrets, solennels, mystiques qui invitent à aller vers Soi, pour rencontrer cet Autre infini.
Portes discrètes, qui s'entrouvrent parfois comme si elles voulaient livrer un mystère aux promeneurs un peu curieux. Portes fermées qui délimitent un espace secret, à protéger. Portes fermées que l'enfant voudrait ouvrir pour comprendre le monde, pour qu'il ne reste pas seul avec son désespoir qui tambourine.
Portes patinées par le temps aux couleurs délavées. Combien de vivants ont-elles senti tourner la poignée, pousser, refermer ? Il y a des portes sans portes, seule demeure la trace des anciens qui s'abritaient là.
Portes aux couleurs vives qui claquent dans les ruelles et créent un décor parfois mythique
A chaque fois quelque chose à trouver, quelque chose à oublier, derrière, devant... Un passage, une succession de passages qui nous font grandir, qui ouvrent des univers, qui invitent à prendre de nouveaux chemins ou à se reposer un temps. Ce qui compte c'est ce mouvement qui traverse et nous conduit de lui-même de porte en porte.
Un jour, l'ultime, ne sera aussi, que celle d'un autre passage, ouvert sur l'infini Amour.