De ce repos... que nous nommons éternel...
Ils sont partis il y a longtemps, ou depuis peu... Les voilà réunis au bord de la forêt, auprès de cette église gothique, en surplomb de la ville.
L'automne illumine, dans une lumière qui surgit de sous un nuage, les grands arbres protecteurs. Le portail reste ouvert et mes pas s'enfoncent dans le tapis de feuilles. Le lieu est calme, le bruit de la plaine est loin et c'est comme si nous étions en dehors du temps, en présence de toutes ces histoires de vie.
Se sont-elles arrêtées ici ?
Mais non, elles continuent de naviguer dans les cœurs de ceux qui les ont aimés. Histoires qui se mêlent, qui ne s'occupent plus des tracas habituels, qui habitent à leur manière ce cimetière.
Certains s'aimaient et restent enlacés dans leur statue de pierre. L'harmonie des couleurs, faite de ces fleurs roses rouges, de ces couronnes mauves et de ce Christ étrange, rose carmin, perdu dans le feuillage jaune, se crée en moi. C'est comme une danse de rubans qui se mêlent et flottent invisibles, m'entourent, m'apaisent.
Le soir est déjà là...
Ces hommes et ces femmes veillent sur nous, gardent la ville, étendent sur la plaine, le calme qui émane de leur lieu de repos quand il y a grand bruit de revendications et de mal être. Ils nous apprennent à regarder la vie autrement, de l'immensité dans laquelle ils sont désormais, de ce repos, dont nous ne savons rien, mais que nous nommons éternel...