Notre secret !
Il y a les petits secrets... ceux que nous partageons avec certains, et que nous cachons à d'autres. De peur de faire mal, de peur de provoquer des réactions épidermiques, de susciter des incompréhensions... Il y a comme une forme enfantine dans ce partage... "Je te le dis à toi... mais..." Ces petits secrets, comme je les nomme, n'en sont pas moins importants pour celui qui les offre et celui qui les reçoit.
Il y a des secrets plus conséquents. Ceux-là ne sont pas exprimés mais connus pourtant de certains. Et, s'ils ne sont pas dits, c'est pour préserver des proches, ne pas les surcharger... C'est penser pour eux ce qui est bon pour eux... Comme s'ils n'étaient pas capables de partager le poids de ce que contient ce secret... C'est parfois parce que la situation qui se cache derrière est difficile à gérer et qu'il faudrait alors avouer son incapacité ou son impuissance face à ce qui nous arrive, voire entrer dans l'émotion que cela susciterait de partager ce qui nous trouble. Ainsi s'installe une culture du paraitre. En apparence tout semble aller, en réalité, ces non-dits pèsent de leur silence sur les relations. Les mots ne sortent pas ou risquent de s'étrangler dans des sanglots inconvenants.
Et puis, il y a notre secret... Celui qui nous semble être invisible de tous, indicible à tous... Comment parler de ce qui nous est pourtant le plus authentique, le plus intime et qui signe en chacun de nous notre appartenance en l'humanité et notre singularité ? Il ne s'agit pas seulement de notre histoire et des émotions qui s'y mêlent mais de cette résonnance singulière avec ce qui voudrait exploser en moi, de la beauté frôlée de l'univers, de la couleur de l'eau, de l'étendue du ciel, du mystère d'un lieu... Comme une vague qui viendrait me retourner... Les mots de l'invisible, que je perçois pourtant, seule à ma façon, pourraient-ils faire de moi quelqu'un de déraisonnable, d'un peu fou ? Ces mots si importants pour moi risqueraient-ils de ne jamais être compris ? Et nous touchons cette terre de solitude parfois terrifiante, parfois douce et se découvrant comme un refuge, à l'abri des regards. Si nous osons ouvrir cet espace, c'est un passage de l'intime à l'infini qui s'opère... le partage de nos terres singulières et universelles. Les mots affleurent et touchent le cœur... Ils libèrent alors la source de tous nos cœurs.
Ce jour-là, un petit cœur est apparu, traversé de lumière. Il est venu accoster sur mes rives solitaires et m'a embarqué dans un océan d’amour...