Ils sont dans l'entre deux... Et nous ?
Ils sont pour certains encore dénudés et leur silhouette se dessine claire et nette. Sûrs d'eux, enracinés, ils s'étirent dans le ciel. Ressentent-ils le nouveau qui arrive ? Frémissent-ils intérieurement d’une énergie neuve qui va bientôt battre tambour ?
D'autres sont déjà en route vers leur nouvelle floraison, nous ravissent par cette sève vive qui les habite. Mystère, miracle, magie de ce moment de l'éclosion. La terre est vivante ! Malgré nos folies humaines, elle garde le cap de son métronome relié à celui de l'univers.
ET nous ? Où sommes-nous ? Avons-nous confiance en ce nouveau qui vient ? Malgré les bruits des armes, les pleurs des disparus quand la terre s'ouvre, la colère qui monte... les cris de l'injustice et les silences des plus meurtris. Nous sommes aussi dans un entre-deux, moins prévisible, instable, assez angoissant.
Notre vision est brouillée. Nous ne pouvons voir qu'un tout petit bout de la réalité, celle qui nous entoure, celle dont nous nous entourons. Nous pouvons certes nous documenter encore et encore, croiser les sources, écouter tous les podcasts contradictoires et pourtant la clarté n'est toujours pas là.
Il y a eu un jour très gris, une petite couche de neige déposée qui n'arrivait pas même à donner un peu de lumière et pourtant les arbres autour gardaient leur entière harmonie. Certains pourraient dire qu'ils subissent sans broncher ces différents épisodes météorologiques un peu déréglés
Quelle chance, ils ne s'en soucient guère !
Ils nous montrent une assise possible dans une période tourmentée. Ils nous invitent à être plus forts intérieurement pour passer ces crises successives qui préparent un autre monde. Ils nous incitent à creuser en nous des passages de sève pour que la vie continue de circuler.
Moi, je crois que ce monde végétal ressent notre affolement, notre angoisse de vie, de mort et qu'il continue de nous accompagner en nous prodiguant toute sa sérénité, sa force, sa délicatesse et sa beauté qui traverse les siècles et les saisons. S'il ne donne pas de réponse directe, son frémissement printanier m'aide à me tenir debout, juste et aimante autant que je peux.
Et comme si j'étais parfois en haut des cimes, tournée vers le ciel, je vois alors ce qui déjà change...
Et comme si j'étais parfois allongée à leurs racines, j'entends la terre qui ne désespère pas de nous.
Alors, plus d'entre deux, je me suis assise et j'ai reçu cette magnificence, délicate et indicible.