Elle est là
Tous les matins et aussi le soir quand je repars, elle est là, à même le sol. Assise par terre, avec son duvet sur les épaules, quelques fois il y a des restes de nourriture. elle regarde
au loin, ne fait pas la manche et semble attendre infiniment ou je ne sais. Je voudrai lui parler mais je n'ose pas. Que dire ? Maintenant je revois son visage, je la reconnaitrai où
qu'elle soit. La semaine dernière elle avait des chaussures qui semblaient neuves. Elle a peut être pu aller dans un foyer quelque temps, se laver et revenir avec des habits plus propres.
En fait ce qui est difficile c'est de reconnaitre son propre malaise intérieur, son incapacité à pouvoir faire quelque chose. Je râle intérieurement contre notre belle société, mais j'en
fais partie aussi !
Elle est digne dans sa posture de veilleuse des rues, dans ce qu'elle provoque en moi comme une pensée qui est là dans un coin de ma tête et comme un mal de coeur. Allez je vais lui parler, lui demander son prénom...et cesser de fuir. Comme je n'aime pas ces stigmates de l'injustice, de la souffrance , de la pauvreté; et mon oubli , mes propres "belles" occupations qui me font poursuivre mon chemin avec ce noeud au coeur de moi.
Elle est là, elle est digne, elle EST.