Veuillez ne pas vous excuser !

par poutouxvero.over-blog.com  -  16 Septembre 2012, 09:47  -  #Atout humanité

Cela devait bien arriver depuis le temps que je prends le RER et le métro. Combien de fois ai-je lu les messages hypocrites qui me touchent toujours:" Accident grave de voyageurs, veuillez nous excuser ..."

Cette fois, c'est tout près de moi. Nous sommes arrêtés, et le corps explosé est en bas de la voiture dans laquelle je suis. Il fait déjà nuit, le chauffeur bafouille pour essayer de nous tenir au courant. Lui, aussi s'excuse du retard que nous allons subir...

Ce sont les consignes qu'il doit appliquer. Inconvenant, absurde... Les excuser d'un drame qui nous dépasse tous.

Comme une thérapie improvisée, nous commençons à parler, évacuer pour chacun ce qui tourne dans sa tête, ce qui serre nos cœurs. Pour moi ce sont des images très violentes que j'essaie de chasser, et puis je pense à cette âme qui vient de se retirer de ce corps. Quelque chose  a cassé ce jour-là, à cette heure-là, en ce lieu. La vie n'était plus tolérable pour lui, pour elle. Aller au bout de cet intolérable, franchir le seuil et faire que son corps le porte pour enjamber le pont, attendre peut-être même qu'il y ait juste un train qui passe, voir venir cela et approcher ainsi l'apaisement final. Un destin qui crie  dans la nuit, la culpabilité immense de ses proches, et notre humanité qui se resserre dans cette immense interrogation qui débarque là. Nous sommes tout d'un coup très attentifs les uns aux autres. Il y a celui qui essaie de nous faire rire et nous rions, oui; il y a celle qui veut sortir au bout de 2 heures, et nous la calmons; l'humanité s'invite et nous rejoignons par mes voisins, étudiants d'origine libanaise et syrienne, le sort des habitants d'Alep, l'un d'eux a sa famille là-bas.

Puis, nous sommes évacués dans les voitures à l'arrière. Nous devinons pourquoi, à nouveau, les images reviennent. Nous nous déplaçons, graves ; les regards ne s'évitent pas, chacun cherchant en l'autre un point d'appui ?

Un destin qui s'est arrêté dans la nuit, nous rappelant à tous  combien parfois nous perdons le fil lumineux de la vie. Le soleil est alors noir, et comme un aimant n'attire-t-il pas dans ses filets ceux qui ne peuvent plus parler, ni  crier au secours, qui ressentent  en eux-mêmes comme un appel si fort, qui s'impose, prend toute sa place. Dans ce pays où le soleil est devenu tout noir, n'aspirent-ils pas à retrouver un fil de lumière ?

La prochaine fois que j'entends, que je vois "accident grave, veuillez nous excuser.." aurais-je le courage de crier :" non, nous n'avons pas à vous excuser mais arrêtons-nous ensemble et pensons à cette vie qui s'en va, pensons à cultiver en chacun et ensemble des fils de lumière qui continuent à éclairer de l'intérieur les jours que parfois nous vivons si noirs."

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Les excuses, c'est un souci de politesse, mais elles ne répareront rien.<br /> <br /> Pourquoi cette personne n'a-t-elle pas pu trouver d'autre solution à sa souffrance que ce geste extrême ?<br /> Etait-ce inéluctable ou y avait-il moyen d'agir avant de manière à, peut-être, lui éviter cela ? <br /> Que peut faire notre société, que pouvons-nous faire, seuls ou en groupes organisés (syndicats, associations, équipes de soignants, politiques …) pour ceux qui pourraient en arriver là ?<br /> Dans certains cas, pas grand chose, malheureusement.<br /> Dans d'autres, quelques petits plus d'humanité (du respect, un regard, une parole, un sourire, de l'écoute, de la tolérance, du partage …) qui, parfois permettent d'aider à passer un cap et changer<br /> beaucoup.<br /> Amicalement, Eve
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