Il pleut tout du long, tout doux...
Il pleut tout du long, tout doux.
Je suis seule capitaine de mon vaisseau de pierres, échoué au milieu des grands frênes et des vieux châtaigniers.
Le bruit du monde s'en est allé. J'écoute les larmes célestes se répandre, guérir la terre assoiffée, laver tous les feuillages, préparer un nouvel étincellement quand viendront, timides, quelques rayons de soleil.
En moi silence, pour répondre à cette invitation subtile de laisser le temps devenir autre, glisser comme cette eau dans le vallon, sans à-coups.
En moi silence, pour découvrir un laisser advenir qui se murit dans chaque instant, à son rythme.
En moi silence, pour entrer dans cette saison de l'automne de ma vie. Celle qui va descendre dans d'autres profondeurs, méconnues, reconnues. Celle qui donnera un autre éclat à ce qui circule au fond de moi. Alchimie secrète !
En moi, silence, pour glaner ce que l'été de ma vie a déposé...
Seule capitaine de mon vaisseau de pierres, échoué entres les grands frênes et les vieux châtaigniers, je sais le monde, là, souffrant et trébuchant, vivant et combattant... Je suis là...
Dans les voiles trempées, il y a des réserves d'amour. Dans la proue, des rayons de lumière. Dans les cales, à l'abri, des barils de douceur.