Ephémère
La neige est tombée, la neige tombe. Elle emmaillote les villages, les toits, leurs clochers, et se fixe comme un ruban aux branches des arbres. Elle est silencieuse dans son travail magique et capture les bruits de l'activité humaine. Je suis dans le nuage qui se déverse. Je suis sur la terre qui se remplit. Silence inhabituel, feutré qui calme en moi les mots intérieurs en perpétuel mouvement.
Ephémère
Le ciel s'entrouvre, une autre lumière. Se dévoilent les nouvelles formes des toits alourdis, les champs de neige rendus immenses de ce blanc nouvellement tombé. Ils nous montrent les traces des combats entre le vent, le froid, la neige, et ces sculptures mouvantes disent en même temps tourments, douceur, harmonie.
Ephémère
Grand soleil. Bleu éclatant. Plus rien à voir. Le paysage se redessine. La matière devient sucre glace ou meringue. Traces éphémères des mouvements qui se poursuivent. Le poids de la neige, la pente qui entraîne, le soleil qui devient eau. Être attentive à cet imperceptible. Folie de croire que je peux le capter et le retenir.
Ephémère
Lumière du soir qui tombe, qui transforme encore les ombres et les contours. La lumière a accompli tout au long de la journée une alchimie qui se fixe en un dernier recueillement avant que le soleil ne disparaisse derrière la montagne.
Immobile, elle tient en son corps de pierre le secret de sa vie que le sculpteur a enfermé, dont nous ne saurons rien. Juste une perception éphémère d'un lien entre son âme éternelle et la mienne qui chemine.