La clé du bonheur
L'expression me surprend tout d'un coup. Elle sort de sa page de magazine et me révèle son non sens.
Combien de fois pourtant ai-je entendu ou lu ces trois mots assemblés?
Là, tout d'un coup une autre image surgit et crie à l'imposture : celle d'une boite magique dont il suffirait de posséder une clé pour qu'un nuage parfumé de bonheur s'échappe et nous envahisse de sa devise, enlève notre lucidité, si minime soit elle.
Je me rends vite à l'article prometteur, sait-on jamais... Où donc trouver cette clé? Du bonheur? Lequel? Quand ? et Où?... Déception immédiate, la métaphore se transforme et devient "recette du bonheur" pour soir de réveillon: le décor à soigner, la qualité de l'accueil, l'originalité des plats... Ainsi se décline une liste de conseils pour délivrer du bonheur sur commande.
Il manque l'essentiel, celui-là même qui sans doute est véritable bonheur, celui qui nous réunit en nous même, qui est dans le moment, dans la succession des moments présents.
Il n'y a pas de boîte magique avec une clé dorée, mais la vie mouvement qui court en nous même, de l'un à l'autre. Le bonheur vie ne s'attrape pas, ne se garde pas et rayonne subtilement.
Il peut même être là quand nous faisons face au plus difficile, il semble disparaitre et nous surprend à nouveau quand nous ressortons du fleuve noir qui nous noie parfois, et nous aide à aspirer la bouffée d'air, juste nécessaire à notre condition de terrien.
Il y a une illusion totale hypnotisante, comme une image très réussie, conforme aux standards du bonheur. A la Bonne heure, désormais, celle où je vis entiérement, simplement, où j' existe enfin, ayant fait taire les vieilles peurs agissantes. A la bonne heure, désormais, celle qui nous réunit , qui nous fait aller de l'un vers l'autre, danse de nos coeurs qui pulsent la vie...