Trophée de chasse
Alors que j'entends proche et lointain les aboiements des chiens et les coups de fusil, j'ai parcouru les vallons en ce milieu d'automne...Je ne savais pas encore ce que je chassais, ce que je cherchais...
Peu à peu l'histoire s'est inventée... J'ai imaginé que je pourrais trouver un abri secret dans la rondeur de ces montagnes, à la limite des nuages ... Tout près il y aurait ces quelques colchiques, une drôle de porte d'entrée, les murs seraient ces tissages magiques à moitié humains et naturels, il y aurait aussi une fenêtre ronde ouverte sur l'horizon; pour seul toit, ces jeux de feuillage que la lumière traverserait, différente, suivant les heures du jour. Je pourrais à loisir traquer sans bruit les formes incroyables des branches qui s'élancent, retombent, se déploient avec tant de justesse. Je pourrais encore jouer à me faire peur quand un vieux dinosaure dans son déguisement végétal me surprend face à face. Je pourrais imaginer que je suis ces nuages dans leurs voyages, à la limite de la terre que je certifierais presque ronde. Je regarderais étonnée ce champ si bien planté ayant déjà oublié d'où je venais.
Belle chasse intérieure en ce jour, sans trompe, ni bruit de meute. Mes trophées sont tout en douceur, en secret, c'est le jeu de l''enfant qui m'habite et me repose de l'adulte que je suis. J'ai déposé mes vieux habits et retrouvé les bottes de sept lieues, le chapeau de feutre et sa plume de couleur… Sont venus à moi ces cieux et ces vallées, les couleurs et le bruit du vent qui enfle dans mon cœur.