Fugitifs instants

Vouloir fixer pour toujours les fugitifs instants de complète beauté donnés ce matin là, et comme l'enfant ne plus avoir conscience du temps.

Être dans ces écrins où toutes les dimensions habituelles se défont. Les verticales s'étirent, les horizontales s'élargissent et se courbent même, les formes s'estompent, se laissent deviner et jouent comme un concert de transparences colorées.

Incroyable pureté liée au travail de la terre qui s'accomplit sans bruit depuis un temps immémorable.

Être ce regard qui devient rocher, eau, éboulis, éclats multiples de lumière, rocher en équilibre, fleurs douces, sables millénaires.

Toucher ainsi un espace qui n'a plus de limites, qui m'envoûte, un temps suspendu.

Comme la trace de mon pied maintenant avalée, mon petit "je suis" a disparu, porté par le courant de la rivière verte, envolé dans les nuages rubans, incorporé dans le lac fascinant du fleuve glacier ...

Et la vie est alors si présente en moi, si étendue au delà de moi que je ne sais plus si je pourrai endosser à nouveau l'habit parfois étroit que nous confie l'incarnation.

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