Au plus près de la terre, pas si loin du ciel !
Être ces pétales, leurs gouttelettes d'eau et de lumière, les ressentir comme si ma peau était la leur. Prendre chaque couleur, chaque nuance et les laisser diffuser, me remplir. Donner la même ouverture, se replier aussi. Laisser l'autre exister. Se sentir solidaire.
Une telle harmonie !
J'ai vu alors dans chaque corolle un visage unique, semblable et différent.
J'ai rêvé de la même harmonie, de cette qualité de présence mutuelle entre nous, hommes et femmes, nous tous êtres humains.
Lever la tête un peu plus haut pour regarder autrement ces arbres. Aller plus près de leur enracinement, suivre leurs nervures et découvrir un cerf apeuré, une vache si douce, une tête de chevreuil espiègle.
Ressentir cette sève qui vient du si profond de la terre pour rejoindre la cime et irriguer sans compter chaque branche, chaque feuille, chaque fleur. Quelles danses secrètes, dépassant leur immobilité désignée, nous donnent-ils à accompagner ?
J'ai alors vu dans chaque tronc, une silhouette humaine, unique, semblable et différente. J'ai vu nos propres corps qui hésitent parfois à danser, qui se figent dans leurs peurs.
J'ai rêvé d'un ballet spontané, accordé au chant du monde.
J'ai levé les yeux vers le ciel qui voulait jouer d'eau et de lumière. Les couleurs dans ces contrastes se remplissaient d'énergie. J'étais entre ciel et terre. J'embrassais à la fois ces champs étincelants et ces nuages lourds et lumineux.
Quel contraste !
J'ai vu alors en chacun de nous aussi, zones d'ombre et de lumière. Étincellement de nos joies et pluie de nos chagrins.
J'ai rêvé que nous puisions, dans ces contrastes, nos vraies couleurs, et que nous prenions ensemble la route... ainsi renouvelés.