Elle est calme, elle est vive...
Elle est calme, elle est vive ; opaque, transparente ; canalisée, débordante, ondoyante, attirante, parfois angoissante.
Elle apporte fraicheur dans les jours chauds d’été. Elle invite le promeneur à s'allonger sur sa rive, ou les enfants à venir jouer avec son monde. Elle offre son eau aux animaux sauvages ou aux génisses du pré. Elle abrite tant d'arbres, arbrisseaux, feuillages... Elle pétille parfois, et donne aux paysages une lumière ruisselante. Elle change de couleur, suivant les courants et le ciel qui n'en finit pas de s'y baigner. Quand elle est tranquille, elle crée un univers parallèle fait de reflets fidèles et nous nous laissons chavirer.
Elle transporte sans fin les histoires des collines, des villages, des paysages parcourus. Chaque goutte contient toutes ces bribes qui chantent pour celui qui sait les entendre. Elle peut emporter nos chagrins si nous les lui confions et nettoyer en nous quelques blessures intimes.
Tout petit, il m'a demandé : Mais d'où vient-elle et où va-t-elle ? Et nous avons parcouru le fil de sa vie...Le filet d'eau qui sourd quelque part là-haut sur la montagne, qui devient ruisseau, parfois torrent, qui creuse son passage tout au long des siècles, qui rencontre tant d'obstacles et qui avance, grossit, grandit, rejoint plus grande qu'elle et puis se jette dans l'immensité. J'ai vu dans ses yeux le goût de l'infini qui naissait. J'ai senti comment son corps vibrait de cette cartographie qui se dessinait intérieurement.
En moi, le même émerveillement m'a saisi. La rivière m'a prise et emmenée dans son voyage sans fin. Quelque chose à voir avec notre chemin de vie qui, de passage en passage s'ouvre sur l'infini.