Immense bruissement...

C'est un immense bruissement qui se vit tout autour de nous et que nous n'entendons pas. Sourds que nous sommes à la vie qui se déploie dans chaque fleur qui s'ouvre, chaque feuille qui se déplie, chaque brin d'herbe qui s'étire, chaque arbre qui part à l'assaut du ciel.

Tous les pétales des fleurs des cerisiers chantonnent une mélodie accordée à la palette des couleurs offerte, je la devine et la ressens plus que je ne l'entends vraiment.

Cet invisible, cet inaudible sont au-delà de nos perceptions réduites. Nous faisons tant de bruit en nous-même...Et puis petit miracle qui s'offre dans la conscience de ce qui est au-delà de ce que je vois et entends....ouverture délicate de mes sens, élargissement de mon être: les battements de mon cœur font partie de la même symphonie cosmique.

Tempos si différents qui s'emballent, se calment, s'harmonisent le temps d'une cadence, et puis repartent un peu fous.

Mélodie douce de la pivoine qui s'ouvre dans son rouge sanguin, cri de l'écorce qui craque, halètement de la plante qui a déjà soif, chant triste de la fleur qui se fane, canon à mille voix de toutes les fleurs de mon jardin.

Symphonie inaudible du monde végétal et concert des chants des hommes qui n'est pas non plus entendu. Toutes ces joies, ces peines, ces cris, ces questions sans réponses ne font que traverser nos espaces restreints et nous laissent comme une multitude de solitudes qui tentent de survivre, de vivre. Seule l'ouverture de nos cœurs conduit à entendre et à voir bien au-delà de nos espaces égotiques... Et nous irons alors habités de tous ces chants tristes et gais, violents et mélodieux, si limpides et si torturés...Nous irons vers cette communion cosmique sans même savoir la direction à prendre... Nous allons...