Chant de la Terre sous terre.

par poutouxvero.over-blog.com  -  12 Septembre 2016, 15:47  -  #Atout humanité

Nos ancêtres très lointains vivaient en clans dans des grottes, galeries, là où ils trouvaient un abri adapté à leurs conditions d'êtres humains. Puis notre histoire devint aussi celle de nos habitations et de lieux claniques, ils devinrent familiaux dans des espaces encore réduits. Notre modernité, voire même notre postmodernité, a vu s'élever des tours gigantesques, s'agrandir les espaces urbains tandis que les familles occupaient des territoires de plus en plus distincts et séparés.

Quand je reviens de ces espaces, de pleine nature, étendue, presque infinie, qui me font respirer, je plonge à nouveau dans ces halls souterrains qui sillonnent les grandes villes, dans des convois de travailleurs de tous âges, de toutes couleurs, de toutes origines. Sous la ville, la terre entière semble s'être donnée rendez-vous dans ces passages obligés où l'air manque parfois, où des sourires, des regards, des conversations s'échangent. Plus ou moins serrés nous sommes trimballés de station en station.
Arrêt prochain, je descends.

Dans cette immense rotonde qui distribue plusieurs correspondances, elles sont là, toutes trois de noir vêtues, avec chacune un enfant en bas âge. Elles se sont partagées l'espace, chacune au pied d'une colonne de béton. Un écriteau est posé à leurs pieds, je comprends le mot Syrie.

A tour de rôle, elles psalmodient leur cause. C'est un chant à 3 voix de désespoir, fort, qui parcourt l'immense salle souterraine et tente de percer la paroi de verre là haut et les fibres de nos coeurs. Tous pressés, nous suivons notre trajectoire ; touchés j'en suis sûre, par leurs voix accordées dans leur destin commun, conscients de notre impuissance...

Combien de temps, cette image et ce chant resteront-ils en nous ? L'emporterons-nous dans notre sommeil à notre retour chez nous ? Un jour, une semaine, un mois...toujours ?

Vision du monde projetée en ce matin, réelle, qui nous place au cœur des détresses et infamies d'aujourd'hui.

Juste alors respirer plus fort, plus profondément, plus loin, pour que mystérieusement l'amour soit un souffle doux qui transforme les rails de nos vies qui se croisent, en ce jeu coloré et joyeux de la marelle qui nous mène de la terre au ciel !

Chant de la Terre sous terre.
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B
Merci de ce témoignage...Affection. Jean-Pierre
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C
Waouh , Véronique ... suis impressionnée ... que d'émotion ... comme c'est beau ... Merci
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