Savants, poètes, dévoreurs d'espace, fous, où êtes-vous?
Matin tout bleu de la fin mai. La terre a chaud. Ses coquelicots illuminent les champs de blé, parent le bord du chemin ou de la route qui serpente entre les collines et viennent border avec douceur colorée ces vieilles tombes.
Chaud, trop chaud et le ciel se charge de ces nuages sombres. Le vent les pousse, les rassemble sur la crête au loin. C'est un arrêt, comme une grande inspiration qui se bloque et provoque une hallucination dans le jeu des couleurs, des espaces, de la lumière. Je suis si petite dans ce tourbillon qui se prépare et pour autant je ne peux me couper de ce qui se produit là, sous mes yeux. Je veux encore sentir le vent, l'ombre à peine fraîche qui survient et disparait, le chaud du soleil dans le champ de blé.
J'entends la terre qui respire, son souffle est chaud... J'entends la pluie qui s'approche et va venir mouiller, jouer comme des touches multiples dans l'aquarelle Terre.
J'ai l'impression parfois de voir ces ciels menaçants dans notre société, malade de sécheresse du cœur. La colère monte aussi comme ces nuages qui se rassemblent, le vent d'incohérence tire dans tous les sens. Les contrastes de la complexité à penser les évolutions nous affolent, créent cette peur qui invite au repli, à l'abri.
Où sont ces si petits savants qui pourtant font du hasard l'ordre le plus sûr de notre monde et regardent les coquelicots se multiplier réguliers, irréguliers, toujours lumineux comme un mystère envoutant ?
Où sont les poètes, contemplant ces contrastes, s'en emparant pour que la quête de lumière de l'humanité nous pousse encore à chercher les chemins humains, infinis ?
Où sont les dévoreurs d'espace qui ouvrent les frontières et délivrent un souffle chaud de liberté créatrice pour notre monde devenu prisonnier des procédures sclérosantes censées tout planifier ?
Où sont ces grands fous qui iront sous la pluie, guériront en eux-mêmes et pour un plus grand nombre les cœurs asséchés ?