La vague était si noire

Avez-vous vu ?  La vague immense, était noire, si noire. Juste une frange d'écume blanche se déplaçant très vite, délimitait l'espace qui se déconstruisait si facilement, sans résistance.

Tout se met à bouger sens dessus, dessous. Les bateaux tapent les piles du pont et broient les toitures ou les voitures. Et ce noir m'envahit, il est le sang de la terre qui s'entrouvre et qui se répand dans l'océan.

Le nuage blanc de l'explosion lui répond peu de temps après ...

Les esquisses de cerisiers en fleurs sont emportées, les paysages ravagés portent toutes ces vies sans vie. Le pays du soleil levant  redevient, sous nos yeux effarés,  apocalypse.

Hiroshima n'avait pas suffi. A moins que la terre si meurtrie répercute à sa manière la plaie infligée, secoue ses entrailles et entrouvre sa faille.

Notre pensée sort aussi de ces cadres habituels... Les arguments rationnels cèdent à leur tour, laissent place aux mythes primitifs et aux images archaïques. 

Tous les calculs deviennent  incertains, et  l'intelligence planétaire se trouve suspendue à un processus incontrôlable.

Noire, si noire; petit, si petit; humain, si humain...

Nous oublions déjà, car la vie nous entraine comme une force qui nous conduit. Peut-être bien la même, que celle qui secoue encore, sans arrêt, ce qui se trouve sous nos pieds.