Feu du ciel et blanc du jasmin

Du disque solaire, il ne reste qu'une bande rougeoyante dans un ciel  qui s'entrouvre entre  les nuages avant d'être happée par la nuit qui vient encore bien vite. De cette ligne pourpre, se répercutent pourtant, des filets cotonneux à leur tour flamboyant…

Vagues d'incendie, superbes, qui se déposent en moi.

C'est ailleurs, de l'autre coté de la Méditerranée, ces terres qui nous font habituellement rêver, un jeune homme s'immole publiquement; geste à peine soutenable dans notre pensée, qui me livre un tel désespoir, me crie l'absurde   habitant ce jeune homme et que parfois je touche aussi. Incendie humain, contagieux à son tour…

Vagues d'incendies, absurdes qui hurlent  en moi. 

Et l'expression "révolution de jasmin" se propage... Je me demande comment est venue cette idée d'associer ce nom enivrant, blanc et pur  au geste sacrifice. Le mot arabe combine « yas » et « min », désespoir et mensonge...Geste de désespoir quand tout autour ce n'est qu'un immense mensonge ainsi révélé.

C'est alors une vague tsunami hurlant au mensonge qui envahit la terre tunisienne et secoue  aussi toutes les consciences humanistes de par le monde, qui se propage, renverse les ordres établis...

Et d'autres terres, Le Liban, les territoires occupés, la Côte d'ivoire avec ces deux présidents en attente de déclarer à nouveau une guerre civile, se réveillent en moi. Que d'incendies qui couvent! Jusqu’à ce qu'une braise de violence un plus forte que les autres les  allume tout d'un coup.  

L'harmonie du ciel rougeoyant a disparu, c'et devenu le reflet de notre humaine condition  donnant à voir  des progrès d'altérité ou régressant dans des zones de mépris et d'oppression. " Est violente toute action où l’on agit comme si on était seul à agir : comme si le reste de l’univers n’était là que pour recevoir l’action ; est violente par conséquent, aussi toute action que nous subissons sans être en tous points des collaborateurs." disait Emmanuel Levinas, oui nous y sommes. Nos gouvernances dites modernes, critiquant et décriant ces gouvernances corrompues, elles mêmes sous le joug du profit, sont prêtes à sacrifier les modèles solidaires. 

 Et, chacun, désemparé  est atteint par ces feux destructeurs qui portent aussi une immense espérance, tissent une page d’histoire et qui deviendront peut être purifiants. 

Une vague intérieure de fraternité psalmodie en moi, comme un chant  triste, révolté et je ne sais pourquoi  par moments, qui  reste encore aimant envers l'humanité.